Révolution typographique post-binaire

Pour son exposition rétrospective au CAC Bretigny, Bye Bye Binary a produit collectivement un grand drapeau en répondant à la thématique « Un pas de côté » du Théâtre Brétigny, qui co-produit l’exposition. Dans les méthodes de la collective en général et dans le cadre de cette exposition plus particulièrement, il s’agit de créer à plusieurs. Ce drapeau à 16 mains et 8 paires d’yeux, parle de retournement du stigmate. Il s’agit de se réapproprier des injures, des mots péjoratifs, « les noms qu’on nous donne » [to be called a name] (Butler), afin de court-circuiter le pouvoir performatif de ces discours. Par là, une véritable stratégie de défense se crée. Déplacer ces mots et les saupoudrer de paillettes, les rendre queer, camp et kitsch, c’est les porter fièrement, les retourner « Dans Ta Face » ; retourner les stigmates et les oppressions contre les agresseur·ses. Le drapeau arbore aussi les mots d’autres, en nommant les alliances et héritages féministes dans lesquels s’inscrit BBB (Lorde, hooks, Wittig). Ce mashup réussi à créer de nouveaux récits, imaginaires et de nouvelles histoires collectives.
Graphiquement, cette multitude de discours et d’histoires vient se matérialiser dans une foultitude de choix graphiques et typographiques, qui viennent, comme des insultes, jurer les un·es contre les autres. Ce drapeau vient également souligner l’intérêt et l’approche politique de BBB pour les (mauvaises) esthétiques et autre bad taste, c’est-à-dire ;  « à la manière dont les goûts, les espaces, les objets et leur design, sont liés à la construction des genres » (Sparke). Des ligatures post-binaires ailées composées en Homoneta, DINdong, Adelphe, Pic Nic et BBB Baskervvol parsèment la composition.