Les récentes distorsions historiques que se sont permis les médias[1] ont démontré l’importance de mener un travail historiographie concernant la typographie dite inclusive. La collective Bye Bye Binary n’a pas manqué de publier un communiqué de presse[2] faisant état de différents travaux antérieurs appuyant le fait qu’il s’agissait bien là d’un mouvement plus large. Ce qui laisse à penser qu’il existe sans doute d’autres expériences typographiques peu ou méconnues réalisées dans cette mouvance.
Cette étude a pour but de recenser les expérimentations typographiques de toute ampleur ayant été réalisées, diffusées, publiées (de façon très confidentielle ou plus largement) entre janvier 2017 et décembre 2021. Les propositions typographiques peuvent être incomplètes, de la création d’un seul glyphe pour les besoins d’un visuel (affiche, flyer, fanzine,…) à un travail plus complet et exhaustif (une fonte complète, un ouvrage complet utilisant des glyphes inclusives ou non-binaires,…).
Bien qu’il soit impossible —et d’ailleurs pas spécialement souhaitable— de figer l’histoire de la typographie non-binaire de par son caractère insaisissable, viral, contaminant, cette étude vise à dresser un premier état des lieux le plus exhaustif possible, après 5 années d’expérimentations, d’une pratique qui ne va cesser de s’étendre. Il s’agit d’une tentative de visualiser le réseau tentaculaire que nous formons, lié·es les un·es aux autres. L’inventaire se concentre sur la période actuelle qui a suivi les débats autour du point médian car c’est à cette période que se sont cristallisées les premières expérimentations typographiques contemporaines.
Jusqu’à présent, une quarantaine de dessinateur·ices sont plus ou moins identifié·es grâce à leur médiatisation, leur participation aux expositions collectives ou grâce à des productions issues de workshops, c’est sans compter les projets typographiques qui en sont nés par la suite et dont nous n’avons pas (encore) connaissance. En diffusant cette pratique via des ateliers, workshops, conférences, colloques, nous pouvons penser que de nombreux travaux sont dans les tiroirs, et qu’ils ont été peu ou moins visibilisés.
Les résultats de cet inventaire donneront lieu :
- — à la publication d’un article faisant un premier état des lieux historiographiques (à paraître dans la revue LSD – Le Signe Documents #2, Cahiers du centre national du graphisme, Les Presses du Réel à l’automne 2021).
- — à une publication la plus exhaustive possible de l’inventaire dans le cadre d’un mémoire-recherche qui sera publié en 2022. (Avis aux éditeur·ices intéressé·es !)
Pour toutes questions / remarques / commentaires sur cet appel : caroline.dath@erg.be
L’appel était ouvert du 8 mars au 8 mai 2021, les résultats sont en cours d’analyse.
- Durant le mois d’octobre 2020, les travaux sur la typographie inclusive de Tristan Bartolini, étudiant à la HEAD (Haute École d’Art et de Design de Genève) ont fait grand écho auprès de la presse, à la suite de la remise du Prix Art Humanité 2020 de La Croix-Rouge. Tout d’abord relayé par la Tribune de Genève , l’article présentant Tristan Bartolini comme étant le « nouveau Gutenberg » et son travail comme « la première typographie inclusive » a ensuite été repris, presque tel quel, à de nombreuses reprises dans la presse (Les Inrocks, Le Figaro, Konbini, France Culture, Culture Prime, …) sans même faire l’objet de vérifications journalistiques sur cette prétendue première découverte en design graphique. ↑
- Bye Bye Binary. (2020). La typographie inclusive, un mouvement*! *féministe/queer/trans-pédé-bi-gouine. publié le 23 octobre 2020, dernièrement consulté le 21 novembre 2020 : http://genderfluid.space/2020_10_25_communique-presse-ByeByeBinary.pdf ↑